LA FIN DE WADE SE PRECISE: DES SIGNES QUI NE TROMPENT PAS…

Publié le par thruthway

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Le splendide isolement du candidat Wade à l’international

 

Mais que fait donc le syndicat des chefs d’Etat africains ? Va-t-il rester passif jusqu’à ce qu’on l’accuse, demain, de « non-assistance à homologue en danger » ? Ces questions méritent assurément d’être posées au vu de l’isolement dans lequel semble se trouver le président de la République sortant — et candidat des Forces Alliées pour la Victoire ou Fal 2012 pour le deuxième tour de la présidentielle. A pareil moment en 2000, en effet, c’est-à-dire entre les deux tours de l’élection de cette année-là, des émissaires de chefs d’Etat africains — mais aussi de monarques arabes — défilaient dans notre capitale, certains parmi eux étant porteurs de mallettes remplies de billets de banque.

 

Il faut dire que le renvoi de l’ancien président de la République, M. Abdou Diouf, au deuxième tour avait provoqué l’effet d’un séisme partout en Afrique mais aussi dans le monde arabe. Et comme il bénéficiait d’un grand rayonnement international, et comptait de très nombreux amis dans tous ces pays, toutes ces relations de l’ancien président de la République s’étaient mobilisées pour essayer de lui sauver la mise. Des têtes couronnées du monde arabe et des chefs d’Etat africains étaient prêts à dépenser une fortune pour l’aider à retourner la situation en sa faveur entre les deux tours et donc à assurer sa réélection. Et comme son ancien ministre des Affaires étrangères — et éphémère Premier ministre — M. Moustapha Niasse était en position de faiseur de roi (exactement comme au lendemain du premier tour de la présente élection présidentielle) avec ses quelque 17 % de suffrages, il avait fait l’objet d’une cour particulièrement assidue. D’après ce qui se racontait alors, plusieurs milliards de francs cfa auraient été mis sur la table par différents monarques arabes et chefs d’Etat africains pour l’emmener à reconsidérer son soutien à l’opposant Abdoulaye Wade arrivé comme Macky Sall à la deuxième place de ce scrutin et qualifié pour le second tour du fait que Diouf — bien qu’ayant pointé en tête — n’avait pas obtenu la majorité absolue.

 

Hélas, malgré ces propositions sonnantes et trébuchantes — ces billets craquant neufs devrait-on dire —, le leader de l’Alliance des Forces de Progrès (Afp) était resté sourd à toutes les propositions. Il avait reporté ses voix sur le candidat du Parti démocratique sénégalais (Pds) qui avait donc été élu haut la main à l’issue du deuxième tour de scrutin. Il n’empêche, même s’il n’était pas parvenu à ses fins, le syndicat des chefs d’Etat africains, mais aussi les amis arabes du président de la République, s’étaient mobilisés en sa faveur entre les deux tours. Ce sans compter, bien sûr, les soutiens financiers qu’ils lui avaient apporté pour le financement de sa campagne électorale.

 

Cette année, apparemment, rien de tel pour le président de la République sortant. Et nul n’a décrété à l’international qu’il faut sauver le soldat Abdoulaye Wade qui se retrouve, du coup, seul contre tous ses adversaires du premier tour de la présidentielle. Lesquels se sont regroupés en un front pour exiger son départ sans conditions. C’est dans le malheur que l’on reconnaît ses amis, dit-on, or, si on appliquait cet adage au troisième président du Sénégal indépendant, force serait de reconnaître qu’il n’a guère d’amis. Ou alors, ces derniers se gardent bien de lui manifester ostensiblement leur amitié ! Surtout au moment où il en a le plus besoin. Nul n’ignore en effet que Wade est dans le collimateur de la France et des Usa qui se sont prononcés clairement en faveur d’une « alternance générationnelle » au Sénégal. Et le Président lui-même ne se gêne plus d’ailleurs pour déclarer au cours de ses meetings qu’il voit la main de l’étranger derrière l’opposition. En le disant, il pense bien sûr à ces deux grandes puissances. Et si quelque doute subsistait à  ce niveau, il n’y aurait qu’à lire la presse du palais pour s’en convaincre !

 

Poussé vers la sortie par l’Oncle Sam et Marianne, Wade ne peut malheureusement même pas compter sur le soutien de ses pairs africains. Et pour cause : il s’est fâché avec la plupart d’entre eux depuis belle lurette. Ceux d’entre eux qui ne sont pas en bisbilles avec lui sont agacés par son côté « donneur de leçons » si bien qu’il y en a qui le surnomment « le professeur ». Leur reprochant d’être mal élus et d’avoir, pour beaucoup d’entre eux en tout cas, troqué le treillis contre le costume-cravate, contrairement à lui qui a été particulièrement bien élu, Wade n’a que peu de considération pour la plupart de ses collègues. Lesquels ne seraient donc pas fâchés de le voir « dégager ». Certes, ils ne vont pas jusqu’à soutenir financièrement son adversaire du deuxième tour — quoique… —, mais ils ne pleureraient pas non plus si Wade venait à tomber le 25 mars prochain. Gageons qu’ils esquisseraient même des pas de danse dans le secret de leurs palais !

 

Surtout, beaucoup de dirigeants africains en ont voulu à Wade pour le rôle peu digne — pour ne pas dire plus — qu’il a joué au service de la France dans le dossier libyen où il a pratiquement donné son onction aux Toubabs pour qu’ils en finissent avec quelqu’un qui, quoi qu’on puisse dire de sa gouvernance et des atrocités de son régime, restera quand même un grand dirigeant africain. Et puis cette image d’un chef d’Etat africain se rendant à Benghazi, où se trouvait le siège du Conseil national de Transition (Cnt) libyen, à bord d’un avion conduit par un équipage français et escorté par des bombardiers français pour aller sommer un autre chef d’Etat africain de « dégager », cette image, donc, a choqué plus d’un dirigeant africain. Lesquels ne doivent pas manquer de se réjouir des malheurs du même Wade avec les mêmes puissances occidentales auxquelles il servait de (vieux) nègre de service dans l’affaire libyenne.

 

Au Mali, par exemple, pays qui a entretenu d’excellentes relations avec le régime du colonel Mouammar El Kadhafi et qui l’a reconnu jusqu’à sa chute, la classe dirigeante, même si elle se garde de le manifester publiquement, en a voulu à mort à Wade pour son rôle peu glorieux dans la croisade de l’Otan contre le « Guide » libyen. Et des  confrères dans ce pays disent que des marabouts ont même sorti leurs chapelets depuis le début de la campagne électorale pour la présidentielle sénégalaise, pour prier en faveur du départ du successeur du président Abdou Diouf. Bien évidemment, le chef de l’Etat malien, qui ne briguera pas, lui, un troisième mandat, a fort à faire avec la rébellion touaregue du Nord de son pays pour s’ingérer dans la présidentielle sénégalaise. Et ce même si on dit qu’il vote secrètement Macky Sall.

 

Le chef de l’Etat guinéen, le Pr Alpha Condé, lui non plus ne prie pas matin et soir pour que Wade soit réélu. Et c’est un euphémisme. Il y a quelques mois, des hommes d’affaires qui lui sont proches confiaient même que s’il avait les moyens de financer la campagne de M. Macky Sall, il le ferait. C’est dire… Le soutien ostensible apporté par Wade à son ennemi juré Cellou Dallein Diallo n’a évidemment jamais plu au premier président démocratiquement élu de l’histoire de la Guinée.  Quant au président mauritanien, le colonel Mohamed Ould Abdel Aziz, après avoir filé le parfait amour avec Wade pendant quelques années, il est en froid avec lui tous ces derniers temps. Ne parlons pas du gambien Yaya Jammeh, qui n’a jamais pardonné à notre président la tentative de coup d’Etat fomentée contre lui par le colonel Ndoura Cham (Thiam). En effet, malgré les démentis appuyés du Sénégal et les offensives de charme de ses dirigeants, l’homme fort de Banjul est convaincu que le Sénégal a trempé dans ce coup. L’affaire dite des armes iraniennes destinées au Mfdc n’était bien évidemment pas de nature à arranger les relations entre les deux pays. Avec le jeune chef d’Etat cap-verdien, les relations avec son vieux collègue du Sénégal ne sont guère cordiales, c’est le moins que l’on puisse dire.

 

En fait, le seul pays de la région dont Wade était en bons termes avec le président, c’est la Guinée-Bissau. Hélas, le président Malan Bacaï Sanha, vieil ami de Wade, est mort il y a quelques mois. Et ce pays est en pleine campagne électorale pour désigner son successeur. Si on s’éloigne des pays frontaliers du Sénégal, il y a la Côte d’Ivoire dont le chef de l’Etat, bonne nouvelle, est un ami de Wade qui l’avait même  fait venir spectaculairement entre les deux tours de la présidentielle de novembre 2010 à Dakar. Les mauvaises langues prétendent qu’il était reparti sur les bords de la lagune Ebrié avec des mallettes d’argent. Toujours est-il que son adversaire pour ce second tour de la présidentielle ivoirienne, le président sortant Laurent Gbagbo, aurait dit à ses proches qu’il était prêt à dépenser des milliards de francs pour soutenir les adversaires de Wade à la présente présidentielle. Hélas, au moment où cette dernière se joue, il se trouve en prison à La Haye. Etonnamment, pourtant, ce Alassane Dramane Ouattara que Wade avait soutenu avec emphase en novembre 2010, est aux abonnés absents lorsque ce même président sénégalais — qui est membre comme lui de l’Internationale Libérale — a si besoin de lui. Comme nous le confiait récemment un proche du président de la République, « ce qui nous intrigue et nous désole, c’est que depuis l’offensive combinée du M23, de la France et des Etats-Unis, aucun de ses pairs africains n’a appelé le Président pour lui manifester sa solidarité… »

 

Autre poids lourd influent dans la géopolitique sous-régionale, le chef de l’Etat burkinabé, Blaise Compaoré. Ceux qui l’ont approché ces derniers temps disent qu’il ne serait pas particulièrement mécontent des malheurs qui arrivent à son homologue Wade. Ne parlons pas du Maroc, très influent économiquement et diplomatiquement dans cette partie-ci du continent, dont le Roi, après avoir été très proche de Wade au début du pouvoir de ce dernier au point de lui avoir rendu visite à au moins trois reprises, a pris ses distances depuis. Et ce n’est pas la rupture du partenariat entre la défunte Air Sénégal International et la Royal Air Maroc, ainsi que la récente réduction de la fréquence des vols de cette dernière compagnie sur Dakar, qui vont contribuer à huiler les relations entre Sa Majesté le Roi Mohamed VI et Son Excellence le président Abdoulaye Wade.

 

Bref, dans le malheur, Wade ne reconnaît plus ses amis africains et arabes. Mais en eût-il seulement, des amis, tout au long de son règne de 12 ans ?

 

Deuxième tour difficile pour un Wade privé de Pds

Candidat recherche parti, désespérément


Mais où est donc le Parti démocratique sénégalais (Pds), cette redoutable machine de guerre électorale, cette machine à gagner, ce rouleau compresseur qui écrasait tout sur son passage ? Qu’est devenu ce formidable instrument de mobilisation populaire, cet appareil tentaculaire implanté à travers tout le territoire national et qui empêche l’ancien Premier ministre, M. Idrissa Seck, de dormir tellement il est convaincu que son contrôle, voire sa possession, lui ouvrirait grandement les portes du palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor ?

 

Apparemment, cette courroie de transmission, œuvre de toute une vie de l’actuel président de la République, qui l’a bâtie à coups de sacrifices, y ruinant même sa fortune, cette courroie, donc, s’est grippée. En tout cas, la mécanique n’est plus aussi huilée que jadis et elle connaît des ratés inquiétants surtout au moment où son propriétaire a le plus besoin d’elle. Jouant son maintien au pouvoir et devant mener la « mère des batailles » face à un ancien Premier ministre défénestré justement parce qu’on le soupçonnait de vouloir mettre la main sur le parti — un reproche aussi adressé auparavant à M. Idrissa Seck —, le président Abdoulaye Wade ne peut malheureusement plus compter sur son parti. Lequel n’est, de toute façon, plus en ordre de bataille, démobilisé qu’il est depuis longtemps par celui-là même qui l’avait fondé et en avait fait une armée de choc. Car le Pds, c’était avant tout des militants convaincus, prêts à tous les sacrifices, à courir tous les risques, y compris le risque suprême, et pour qui la prison était une seconde demeure, en tout cas le passage obligé vers le pouvoir.

 

Et face aux gigantesques moyens des socialistes alors au pouvoir, les militants et responsables du Parti à l’épi de mil avaient opposé leur foi aveugle à un homme qui incarnait l’espoir à leurs yeux et qui était pour eux un messie, voire un prophète, celui du « Sopi ». A pied, à vélos, à dos d’âne ou de cheval, à bord de charrettes, voire de cars rapides ou de Ndiaga Ndiaye, ces militants intrépides ont sillonné le Sénégal dans ses moindres coins et recoins pour porter la bonne parole du Pape du Sopi. Bien évidemment, le chemin a été long et semé d’embûches. Beaucoup n’ont pas pu tenir le coup et ont jeté l’éponge. D’autres ont cédé aux menaces, au chantage, aux intimidations voire aux espèces sonnantes et trébuchantes de l’adversaire socialiste. Certains ont même payé de leur vie ce combat pour le « Sopi », le changement.

 

En 2000 arrive, justement, le changement tant attendu. Les compagnons historiques s’attendaient donc à  être récompensés, à récolter les fruits de leur long combat.

 

Force est de reconnaître qu’ils le furent dans leur grande majorité. Mais de majorité, justement, le Pds n’en avait pas sur le plan électoral en accédant au pouvoir tout comme il manquait cruellement de cadres. Or, les élections législatives pointaient à l’horizon et il fallait absolument les gagner pour se libérer du soutien encombrant d’alliés comme M. Moustapha Niasse. Comment faire pour se constituer cette majorité électorale ? Eh bien, en allant chercher les troupes là où elles se trouvaient, c’est-à-dire chez l’adversaire défait, le Parti Socialiste et ses gros bataillons ! D’où le phénomène de la transhumance consistant à encourager les porteurs de voix socialistes à rejoindre les prairies bleues libérales. En même temps, il fallait recycler les cadres de l’ancien régime pour faire tourner l’appareil de l’Etat et les sociétés nationales. Souvent beaucoup plus expérimentés, plus roués, plus riches aussi, les nouveaux venus ne tardèrent pas à s’incruster à tous les niveaux du Parti démocratique sénégalais, jusqu’à entrer dans le saint des saints, le Comité directeur, là où les responsables des années  de braise étaient laissés en rade. Un exemple flagrant de cette injustice subie par les « historiques » : Mme Seynabou Wade, actuelle maire de Colobane, Gueule Tapée et Fass.

 

Du temps où le Pds était dans l’opposition, elle devait faire face, dans ce qui constituait les limites territoriales de la deuxième coordination du Parti Socialiste, à Mme Léna Diagne Fall, alors tout auréolée de son opération « Une femme, un gramme d’or » organisée pour venir en aide aux victimes de la grande sécheresse des années 70 et du début des années 80. Léna, c’était une force de frappe financière sans précédent.  Quant à Seynabou Wade, elle était contractuelle à la Lonase à l’époque. Malgré tout, avec ses faibles moyens, elle a essayé de porter haut le flambeau du Pds durant toutes ces années-là. Et les jours d’élections, c’est sans ménagement que les gros bras de la responsable socialiste la bousculaient. Lorsque survient l’Alternance. Mme Léna Diagne Fall migra avec armes et bagages vers le Pds. Mieux, elle est entrée au Comité directeur, là où la brave Seynabou Wade végétait dans les instances inférieures. Il y a mieux.

 

Entre les deux tours de la présidentielle de 2000, un débat est organisé entre les deux tours, opposant les représentants des deux candidats qualifiés. Mme Seynabou Wade se bat comme une tigresse contre l’avocate du candidat Abdou Diouf. Laquelle traite le candidat que Mme Wade défendait de « Fantomas ». Eh bien, quelques mois plus tard, cette même représentante de M. Abdou Diouf, Mme Aïda Mbodj pour la nommer, non seulement adhère au Pds, non seulement entre au gouvernement (ce qu’on peut concevoir à la rigueur) mais encore trône au Comité directeur du Pds ! Autrement dit, elle est devenue la patronne politique de Mme Seynabou Wade qui militait au Pds depuis les années 70 !

 

Le cas Seynabou Wade est emblématique des injustices subies par les militants et les responsables historiques du Pds, lesquels ont été progressivement relégués au second rang de leur parti au profit de transhumants et d’opportunistes de la pire espèce qui y tiennent aujourd’hui le haut du pavé. En même temps, le président de la République lui-même s’est coupé de ses compagnons de traversée du désert pour ne plus s’entourer, du moins pour l’essentiel, que de ces militants de la 25ème heure. Lesquels ont fini de s’emparer des leviers de commande du Pds. Mieux, plutôt que de faire confiance aux « enfants » de ce parti pour leur confier les rênes et préparer l’un d’entre eux à prendre la relève, il a systématiquement broyé tous ceux d’entre eux qui faisaient simplement mine de regarder son « fauteuil ». Idrissa Seck et, ô cruelle ironie, M. Macky Sall feront les frais de ces purges qui rappellent celles de la pire époque stalinienne. Pis, le Pds qui s’est massifié après son accession au pouvoir, n’arrivait plus à digérer tous ces nouveaux venus. Résultat : les tentatives de renouveler ses instances se sont transformées partout en foires d’empoigne et se sont effectuées à couteaux tirés. Pour ne pas voir son parti imploser, Wade a ordonné de tout arrêter. Impossible de savoir qui pesait quoi à partir de ce moment-là. Et comme si cela ne suffisait pas, des opportunistes regroupés autour de son fils — dont la sincérité est incontestable — ont tenté de lancer une Opa sur le Pds mais en avançant masqués et en se réfugiant derrière la « Génération du concret », un machin dont on ne sait si c’est un parti politique, un mouvement de soutien ou un gouvernement parallèle.

 

Autant de choses qui ont fait que le Parti démocratique sénégalais en tant que tel n’existe plus. A l’heure où l’opposition regroupée au sein du M23 investit la rue, il n’y a aucune force organisée pour lui faire face. Et lors du premier tour de la présidentielle, le candidat Wade s’est appuyé sur son directoire de campagne, certes, mais aussi sur les Fal 2012, une coalition composée de partis cabines téléphoniques dont l’apport en termes de voix est plus que discutable. En effet, alors que le Pds seul a toujours fait 30 % de voix environ, avec le soutien de plus de 80 partis alliés, son candidat n’a même pas pu réaliser un score de 35 % au premier tour. Cherchez l’erreur… Et plutôt que de rectifier le tir en faisant appel à des responsables historiques, voilà que Wade relègue au second plan son directoire de campagne et met en place un Comité de pilotage. Lequel est dirigé par… le Pr Iba Der Thiam, un homme qui, dans les années 80, avait créé le mouvement « Abdoo ñu doy » pour soutenir l’ancien président socialiste et qui, jusqu’au lendemain de l’Alternance, était encore contre Wade. En effet, c’est au lendemain de l’accession au pouvoir de l’actuel président qu’il avait créé, avec feu Cheikh Abdoulaye Dièye — père de Cheikh Bamba — et Ousseynou Fall, un candidat malheureux à l’élection de 2000, le pôle « Dëgay mujj » pour s’opposer… au président Abdoulaye Wade. 

 

C’est ce caméléon qui a la responsabilité de coordonner le corps d’armée du Pds pour repartir à l’assaut de l’électorat ! Mais s’il n’y avait que cela. Car devinez qui est chargé de gérer les finances, c’est-à-dire le nerf de cette importante guerre ? M. Mamour Cissé, ex-membre de Benno Siggil Sénégal et leader d’un parti lilliputien qui n’avait qu’un seul élu à l’Assemblée nationale, c’est-à-dire lui. Et encore, un élu qui n’avait pu accéder à l’Assemblée nationale qu’en vertu du plus fort reste. Et dire que la gestion des finances a été retirée à M. Pape Diop, financier du Parti démocratique sénégalais durant la période des vaches maigres, pour être confiée à une girouette politique ! Certes, M. Diop aurait demandé à être décharge des finances pour mieux  battre campagne sur le terrain,n mais n’aurait-on pas pu choisir un autre « sopiste » plus authentique pour gérer les sous ? Ah, on allait oublier, toute la précampagne du candidat Wade a été effectuée par… Mme Aïda Mbodj et son opération « Ma carte, ma caution » qui visait à collecter des fonds pour payer la caution électorale du candidat Wade. Les Pds pur jus étaient réduits au rôle de spectateurs.

 

Bien évidemment, on ne s’étonnera pas, dans ces conditions, que le Parti démocratique sénégalais soit invisible sur le terrain, les militants convaincus, les vrais, ayant décidé de se croiser les bras ou de faire service minimum. Obligeant ainsi le « frère » Secrétaire général national à payer de sa personne — en se lançant notamment dans une pitoyable quête de « Ndigëls » — pour espérer se faire réélire. Mais que sont donc les compagnons historiques devenus ?

 

 

                                                                          Mamadou Oumar NDIAYE

Le Témoin N° 1076 –Hebdomadaire Sénégalais (MARS 2012)

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