« SORTEZ MASSIVEMENT POUR LE MEETING DU 15 OCTOBRE » (Konaté Navigué)

Publié le par thruthway

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Konaté Navigué, premier responsable de la jeunesse du front populaire ivoirien (FPI), cinq mois après le kidnapping du Président Gbagbo, rompt le silence. De son exil, il invite les ivoirines à se mobiliser pour la libération du Président. Avant de les exhorter à sortir massivement pour le meeting du 15 octobre 2011 à la place CP1 de Yopougon.

 

 

Six mois après l’arrestation du Président Laurent Gbagbo, pour la première fois, la jeunesse du Front populaire organise un meeting à Yopougon qui veut grandiose. Commentaire ?

 

Konaté Navigué (K.N) : Avant tout propos, permettez-nous de nous souvenir de tous ceux qui sont tombés (camarades, militaires, gendarmes, policiers, douaniers, paramilitaires, etc.) avant, pendant et après la guerre. Que leurs âmes reposent en paix pour que la lutte continue. Parce qu’ils ont été les hérauts de notre combat. Ils seront les héros de notre victoire finale. Cela dit, nous voulons exprimer notre fierté réelle à tous les camarades du bureau national de la jeunesse du Fpi avec à leur tête notre premier adjoint Koua Justin, à toutes les fédérations, sections et comités de base. Ainsi qu’à tous les militants et sympathisants de la Jfpi. Nous éprouvons une réelle fierté. Parce que dans l’histoire des luttes d’ici et d’ailleurs, la plupart des structures deviennent flegmatiques ou disparaissent dès lors que le premier responsable est en prison ou en exil. Nous observons que la jeunesse du parti a échappé à cette règle. Cela veut dire au moins une chose : Que c’est une jeunesse formée, structurée et organisée. En effet, nous avons passé 10 ans à parcourir la Côte d’ivoire pour structurer, organiser et former sans tambours ni trompettes cette jeunesse. Nous pensons que le rôle d’un leader de masses est, loin des spectacles, de travailler son organisation de sorte qu’elle puisse survivre aux tempêtes quelles qu’elles soient. La Jfpi a survécu à la tempête. Et nous pouvons vous dire aujourd’hui que la Jfpi est la seule structure politique qui, de par son organisation et son implantation, fait la couverture de toute l’étendue du territoire. Et vous pouvez le vérifier. Nous avons voulu que la Jfpi ressemble à la jeunesse de l’ANC : Une jeunesse forte, une jeunesse politique et une jeunesse engagée. Nous sommes sur la route. Ce n’est donc par nous qui allons être surpris de l’initiative de nos camarades. D’ailleurs, nous sommes en contact quotidien avec eux. Et on discute toutes les actions à mener sur le terrain. Nous pouvons vous dire que le meeting du 15 octobre n’est que le début des actions pour la libération du président Laurent Gbagbo. Ce sont quelques commentaires que nous voulons faire.

 

Pour la première fois, vous serez absent à cette rencontre en tant que premier responsable de cette jeunesse. Que ressentez-vous ?


K.N : Evidemment, tout responsable politique digne aurait aimé participer à l’ouverture de la campagne pour libérer le président Gbagbo. Parce que ce sera exaltant et passionnant. Les circonstances ont fait que nous sommes ailleurs. Mais c’est une absence-présence. Car le 15 Octobre, au cours du meeting, nous aurons un message particulier à lancer à la jeunesse ivoirienne.

 

Qu’attendez-vous de ce meeting ?


K. N : Nous attendons de ce meeting, un succès franc. C’est pourquoi nous demandons à la direction du parti qui est déjà impliquée dans l’organisation du meeting de mobiliser toutes les autres structures du parti pour ce jour. Les fédérations mères, les femmes et les structures d’activités doivent être mobilisées. Car, même si l’initiative vient de la Jfpi, c’est une manifestation de l’ensemble du parti. Et comme le Fpi sait relever les défis, nous ne doutons pas du succès de ce rassemblement.

 

Quels sont les consignes que vous pouvez donner à vos camarades ?


K. N : Nous demandons à tous les responsables des structures de base de la Jfpi de se mobiliser pour le meeting. Que ceux qui sont encore terrés, sortent pour prendre leur part active dans le combat. Nous rappelons aux camarades que nous sommes une organisation de gauche, donc de combat. Nous devons donc pouvoir nous adapter à toutes les circonstances quelles que soient leurs rudesses et leurs atrocités. Fédération, sections spécialisées, militants de bases, sympathisants, sortez, réorganisez-vous. Sortez, réorganisez-vous.

 

Quels messages pour les militants et les démocrates ?


K. N : C’est Lénine qui écrit en 1901 le livre « Que faire ? » qu’il publia en 1902. Dans ce livre dont le titre fut emprunté à l’écrivain Nikolai Chernysnevsky, Lénine mesurait déjà les conséquences de l’échec de la commune de Paris, en 1871 sur la suite de la révolution  et qui était en même temps sous la dictature de l’empire des tsars ! Notamment Nicolas 2 a cru devoir réorganiser la lutte en fonction des circonstances de l’époque. Nous sommes exactement dans la même situation. Pour tous les démocrates de Côte d’ivoire et du monde qui se pose la question « Que faire ? », nous leur répondons : Remobilisez-vous. Remobilisez-vous, remobilisez-vous. Que tous les syndicats, les associations s’organisent autour de la question de la libération du Président Laurent Gbagbo.


On constate que malgré l’insécurité et la dictature, la jeunesse du Fpi a décidé de prendre les taureaux par les cornes en organisant cette manifestation. N’avez-vous pas peur de la répression des nouveaux tenants du pouvoir ?


K. N : L’histoire et la théorie me permettent de répondre à cette question importante. Au plan de l’histoire, montrez nous une seule dictature qui est morte d’elle-même. Vous ne trouverez pas un seul exemple. Nous vous parlions plus haut de Lénine.  Il a fallu la révolution Bolchevik de 1917 pour chasser la dictature. De même en Chine, il a fallu un certain Mao pour que ce pays puisse sortir du joug de la dictature. En 1789, la révolution française n’était rien d’autre que la réaction contre un empire qui était devenu vampire. Au plan théorique, nous sommes d’accord avec Hegel que « chaque peuple mérite sa constitution ». Si nous acceptons de subir ce qui nous arrive, personne ne viendra nous libérer. Machiavel a déjà montré comment le Prince doit utiliser la bâillonnette quand c’est nécessaire et la ruse quand ça l’arrange. Il nous appartient de ne pas être naïf. Pendant combien de temps la Jfpi pouvait-elle rester silencieuse ? Nous rappelons qu’il s’agit du président Laurent Gbagbo. Quelle organisation mieux que la Jfpi pouvait ouvrir les « hostilités » ? Elle ne fait que jouer son rôle historique. Pour mémoire, c’est elle qui a fait le premier meeting de la résistance en septembre 2002 à l’espace Cp1 de Yopougon. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons choisi le même espace pour le meeting de lancement de la campagne de libération du président Laurent Gbagbo. La Jfpi fera toujours son devoir même dans cet environnement où la Gestapo a résurgi dans cette partie du monde. Mais l’histoire nous jugera. Courage camarades. On vous l’a déjà dit, nous vous le répétons : seule la lutte paie.

 

Peut-on également parler d’une démission de la direction du parti ?


K. N : C’est vrai. Lorsque vous lisez les réactions des ivoiriens sur les sorties de la direction de notre parti, vous voyez bien qu’il y a un grand écart dans la perception des choses. Cela veut dire que la direction du parti doit faire attention. Le Fpi a une chance historique. En Afrique, dans la plupart des cas, lorsqu’un parti au pouvoir subit ce que nous avons subi, les militants désertent les bases chacun ayant ses raisons pour faire allégeance à ceux qui gèrent l’Etat. En Côte d’ivoire, au contraire, les militants du Fpi sont restés fermes, sereins et soudés autour de la direction du parti. Après le départ de Koulibaly, la direction du parti doit avoir un discours aussi clair que lucide envers les militants. Nous sommes un parti de lutte et le seul discours que le parti doit tenir, c’est la libération du Président Gbagbo comme préalable à toute approche.

 

Que faites-vous pour la libération de Gbagbo et des autres cadres de la Lmp ?


K.N : La question de la libération du Président Gbagbo et celle des autres prisonniers est au centre de toute notre action. Nous tentons d’attirer l’attention des nouvelles autorités du pays et celle des chefs d’Etat africains et d’ailleurs, sur la nécessité d’engager un vrai débat politique sur la réconciliation nationale dans notre pays. L’on ne peut imaginer une tentative de réconciliation qui exclurait le Président Gbagbo. De quelque angle que l’on aborde cette question, le Président Gbagbo reste une pièce incontournable dans le processus de réconciliation nationale.

 

Interview réalisée par Yacouba Gbané

Source : Le Temps

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