Situation des Droits de l’homme en Côte d’Ivoire : vraiment écœurant….
ALARMANTE SITUATION DES DROITS HUMAINS
42 prisonniers extraits de force de la Maca
Le film du calvaire de Douati et de ses co-détenus
42 prisonniers extraits de force et en toute illégalité de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), jeudi dernier, ont été finalement ramenés pour la plupart dans la nuit du samedi à hier, dimanche. Après une pérégrination injustifiée à travers la ville d’Abidjan. Cinq d’entre eux manquent cependant à l’appel.
C’est en effet, au dire de sources pénitentiaires concordantes, le jeudi 25octobre, veille de la tabaski, aux environs de 15h, qu’une escouade d’éléments de la police militaire de l’ex-chef rebelle Koné Zakaria lourdement armés encercle la Maca. Ils séquestrent le directeur de la prison et les gardes pénitentiaires à qui ils arrachent les téléphones portables. Ils exigent que le directeur leur remette 42 détenus, tous des prisonniers politiques civils et militaires dont l’ex-ministre Alphonse Douati, secrétaire général adjoint du Fpi chargé du suivi de l’action gouvernementale. Le directeur de la Maca s’y oppose au motif que ces détenus sont sous mandat de dépôt et qu’ils ne peuvent être extraits de la Maca que sur instruction du procureur de la République.
Les hommes de Koné Zakaria refusent d’entendre raison. Ainsi, armes aux poings, ils menacent d’exécution le personnel de la Maca y compris le directeur. A 17h, ils embarquent, de force, les 42 prisonniers dont l’ex ministre Alphonse Douati en direction du quartier général (camp génie) de Koné Zakaria à Adjamé connu comme un camp de torture. Informée, l’opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (Onuci) y dépêche des émissaires. Sous la pression de ces derniers, les 42 détenus sont conduits à l’Etat major des armées au Plateau. Là, les maîtres des lieux refusent de recevoir ces prisonniers parce que, disent-ils, aucun ordre ne leur a été donné sur un tel transfèrement.
Ulcérés, les éléments de Koné Zakaria arrivent, ensuite, avec leur colis humain à la Maison d’arrêt militaire d’Abidjan (Mama) situé dans le périmètre de l’Etat-major. Ils engagent des négociations avec les responsables de ce lieu de détention réservé aux militaires afin qu’ils accueillent les 42 prisonniers. Ces derniers leur expliquent que non seulement ils n’ont pas assez de places pour les 42, mais en plus aucun document ne les autorise à les recevoir.
Après des conciliabules, la Mama consent finalement à les recevoir. Pas en cellule, mais sous un hangar. Les prisonniers sont tous contraints à se déshabiller en gardant uniquement leurs pantalons ou culottes. Y compris l’ex-ministre Alphonse Douati. C’est donc sous ce hangar, torse nu et sans couverture, qu’ils passeront leur première nuit. Le lendemain, vendredi 26 octobre, ils reçoivent la visite de représentants de l’Onuci, de la Croix Rouge et du mouvement ivoirien des droits humains (Midh). C’est sur intervention de ces derniers que les 42 prisonniers politiques civils et militaires sont autorisés à se rhabiller.
Le samedi 27 octobre, après une deuxième nuit sous le hangar et toujours sans couverture, Alphonse Douati est ramené dans sa cellule à la Maca aux environs de 14h, selon des sources pénitentiaires. 36 autres le rejoindront plusieurs heures plus tard.
Sous le hangar à la Mama, les prisonniers dormaient quand on les a réveillés aux environs de minuit dans la nuit du samedi au dimanche. Ils ont embarqué dans le fourgon et après un détour à Adjamé, ils ont été ramenés à la Maca où ils ont été remis dans leurs cellules. Pas de nouvelle en revanche des cinq détenus qui n’ont pas regagné la Maca avec leurs codétenus. Aucune raison n’a été avancée pour justifier cette opération qui s’apparente à une tentative d’enlèvement de prisonniers politiques.
Didier Depry
(in Notre voie N° 4256 du Lundi 29 Octobre 2012)