WADE ET GBAGBO, L’IMPOSSIBLE COMPARAISON.

Publié le par thruthway

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A la faveur des élections présidentielles sénégalaises, certains acteurs de la scène politique et de la société civile africaine, ont cru bon établir un parallèle entre WADE et GBAGBO. Pour ces derniers, le fait pour Wade de vouloir conserver le pouvoir ferait de lui un GBAGBO bis. Monsieur Alioune Tine, président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (RADDHO), lors d’une interview diffusée par France 24 (à la veille du premier tour), a exhorté WADE à ne pas faire comme GBAGBO qui par son entêtement à conserver le pouvoir, s’est retrouvé à la CPI.

Fini le premier tour des élections dont les résultats sont connus, WADE -918.034 voix (34,97%)- et Macky SALL- 688.220 voix (26,21 %)-, s’affronteront au second tour. C’est encore l’occasion de faire des comparaisons simplistes, les mêmes acteurs aidés par des bloggeurs certainement en panne d’idées, ne perdent pas le temps sur la question. Ils vont jusqu’à dire que WADE se fera proclamer par le Conseil Constitutionnel comme GBAGBO l’a fait en Côte d’Ivoire. Dans cette mise en parallèle, GBAGBO est présenté comme « le mouton noir » qui finira par corrompre « la colombe » WADE. Il convient dont de voir de près la pertinence d’un tel exercice qui à l’évidence recèle des lacunes.



Idéologiquement WADE et GBAGBO se donnent dos. Le premier est libéral et le second socialiste. Même s’ils ont fait les beaux jours de l’opposition dans leur pays respectifs il n’en demeure pas moins que leurs actions politiques visaient des pouvoirs idéologiquement opposés. WADE le libéral combattait Senghor, Diouf des socialistes. En Côte d’Ivoire, GBAGBO le socialiste, combattait Houphouêt l’homme politique de la droite, homme de la France et auteur du néologisme franceafrique (1955). Et comme il est de notoriété publique que l’idéologie politique détermine les actions politiques, WADE ne pouvait en aucune manière avoir la même manière de gouverner que GBAGBO ainsi que les mêmes choix politiques. On comprendra pourquoi Wade siégeait royalement dans le syndicat des chefs d’état africains, cercle ésotérique de protection et d’extension des intérêts de l’empire colonial. GBAGBO, lui avait un seul syndicat, le peuple ivoirien.



Dans les rapports inter étatiques, Wade a une vision diamétralement opposée à celle de GBAGBO. Laurent GBAGBO est attaché au respect de la souveraineté des Etats, à l’égalité des Etats, principes proclamés à satiété par le droit international public. GBAGBO pense que la souveraineté d’un pays n’est pas négociable. WADE quant à lui, est un acharné défenseur du droit d’ingérence, droit inventé par les puissants afin d’assoir leur hégémonie. On comprendra aisément pourquoi, le Gorgui WADE à soutenu la guerre en Lybie (il est le premier chef d’état africain à avoir rendu visite au CNT libyen) et en Côte d’Ivoire même si aujourd’hui il observe un bruyant silence face à la question syrienne. Comprenons-le.



Sur la question de la conservation du pouvoir, là encore GBAGBO est l’exemple du respect de la constitution. Que dire de Wade ?


Des langues et des plumes empoisonnées n’ont cessées de présenter le Président Laurent GBAGBO comme un usurpateur, celui qui contre vents et marrées voulait se maintenir au pouvoir. Si la Côte d’Ivoire a passé 5 ans sans élections (2005-2010), c’est tout simplement parce que les rebelles pro OUATTARA avaient coupés le pays en deux. Dans ce cas d’espèce les articles 38 et 39 de la constitution ivoirienne du 1er Aout 2000 maintiennent le Président en fonction. Ce n’est donc pas par des manipulations constitutionnelles que Laurent GBAGBO a passé du temps au pouvoir. Il n’a ni tenté de modifier la constitution pour préparer le règne de son fils Michel, ni tenté d’empêcher les rebelles à déposer les armes afin que des élections soient organisées.

Mais Wade qu’a-t-il fait pour conserver le pouvoir?



Il a d’abord battu en brèche sa profession de 2007. En effet, à l’issue des élections de 2007, WADE avait déclaré avoir boqué le nombre de mandat à deux et qu’il ne pouvait pas par être candidat en 2012. Alors en décidant d’être candidat en 2012, a-t-il fait comme GBAGBO ou s’est-il tout simplement déjugé?



Ensuite, dans sa volonté de se maintenir au pouvoir, Wade décide d’une modification constitutionnelle. Le texte adopté en conseil des Ministres visait à modifier la Constitution pour permettre aux sénégalais d'élire simultanément, dès 2012, un président et un vice-président sur la base d'un "ticket" qui, pour l'emporter, pouvait ne recueillir au premier tour que 25% des suffrages exprimés. Sur ce point, WADE voulait il faire comme GBAGBO?



Enfin, la modification constitutionnelle abandonnée en larmes sous pression de la rue, WADE, s’autorise l’inauguration d’un troisième mandat qu’il dissocie de son premier septennat (2000- 2007) et de son premier quinquennat (2007-2012). Une telle volonté de ruser avec la loi, doit elle être interprétée comme une imitation de GBAGBO? Absolument non, des trois cas susmentionnés, aucun n’a été emprunté à GBAGBO. Si WADE est parvenu a passé par le filtre pour être candidat, que les détracteurs de GBAGBO regardent bien à la loupe chacun des actes de WADE avant de ruer dans les brancards.



GBAGBO est allé aux élections en Côte d’ivoire parce qu’il était apte à être candidat. Il n’était pas un Gorgui, ni un homme qui a rusé avec la constitution pour se maintenir. GBAGBO a même été très souple en allant aux élections bien que les conditions d’une élection crédible et sereine n’étaient pas réunies. En effet, les rebelles pro OUATTARA n’avaient pas déposés les armes. GBAGBO a subit les pressions les plus inimaginables pour accepter d’organiser les élections. Et contrairement à ce qu’a dit l’ambassadeur sulfureux de la France en Côte d’Ivoire, ce n’est pas SORO qui a rendu possible l’organisation des élections, mais plutôt GBAGBO qui a fait confiance aux rebelles en acceptant d’aller aux élections en Octobre 2010.



Retenons donc sur ce point qu’en maintenant sa candidature aux élections sénégalaises, WADE n’a pas fait comme GBAGBO. Il a plutôt fait comme un sénile coupé des réalités et qui a un égo exorbitant.



Mais les détracteurs de GBAGBO ne lâchent pas la proie, ils sont tellement englués dans leur haine qu’ils perdent la raison en saisissant l’autre corde de leur arc. Selon eux, au deuxième tour, WADE imitera GBAGBO en se faisant proclamer par le Conseil Constitutionnel. Il aurait quand même été logique de dire qu’au premier tour, le Conseil Constitutionnel a imité le cas ivoirien en validant la candidature de WADE qui, comme GBAGBO n’avait pas le droit d’être candidat. Enfin !



Nous ne reviendront pas sur les violations des règles de forme dont s’est rendue coupable M. Youssouf BAKAYOKO, (président de la CEI) en allant tout seul donner ses propres résultats à l’hôtel de Golf, QG de campagne de OUATTARA. Nous disons tout simplement que le Conseil Constitutionnel a été régulièrement saisi des recours du candidat GBAGBO, a examiné lesdits recours, siégé dans les délais et au nom de son droit de reformer les résultats (invalidation en cas d’irrégularités) a déclaré le candidat GBAGBO élu et celui-ci a régulièrement prêté serment. Pour le débat de fond concernant, la véracité des fraudes (voir les rapports des observateurs accrédités par la CEI), la possibilité d’une reprise des élections générales ou partielles, nous indiqueront que le pouvoir d’appréciation a été donné par le peuple ivoirien, à travers la constitution, au conseil constitutionnel, seul juge des élections.

C’est de ce même pouvoir d’appréciation que jouit « les sages » sénégalais qui en ont usé pour valider la candidature de WADE. Pourquoi les sénégalais n’ont-ils pas attaqué la décision des « sages »? Pourquoi WADE n’a-t-il pas appelé l’armée française, l’ECOMOG et les mercenaires à renverser son pouvoir, lui qui a n’a cessé de discréditer le Conseil Constitutionnel ivoirien?



Il est donc inconséquent de dire que WADE fera comme GBAGBO en s’aliénant le Conseil Constitutionnel surtout que le Gorgui a savouré la chute de GBAGBO en affirmant haut et fort : « la chute de GBAGBO est une très bonne chose».
GBAGBO ne s’est jamais aliéné le Conseil Constitutionnel et les preuves du complot pour renverser GBAGBO quels que soient les résultats des élections de 2010, surabondent et ce n’est pas WADE le pro rebelle, l’ami de OUATTARA qui dira le contraire.

L'on dit souvent: « dis moi qui tu suis, et je te dirai qui tu es », WADE suit OUATTARA, il y a par conséquent de fortes chances que WADE fasse comme OUATTARA qui est selon Jean Marc Simon, « le président désigné » sans aucun doute par la communauté internationale afin de l’imposer au peuple ivoirien.



WADE invitera t-il le président de la Commission Electorale Nationale Autonome (SENA) dans son QG sous le regard admiratif des ambassadeurs français et américains ? Attendons de voir.



Par GBAGBO KAFISS

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